Tout ce que vous souhaitez savoir sur les sites payants, les kits, la CB en ligne  
Dernieres Mises à Jour Vos Galeries Galeries EXTREMES photo et video Gadgets sexuels testés pour vous Jeux Erotiques Lorraine  
L'échangisme et nous

Galeries libres AMOUR BI

plus de 800 photos

Galeries et videos EXTREMES

plus de 630 photos extrèmes et videos à télecharger

Les Idées de Jeux Erotiques
Nouvelles Libertines de Lorraine
Gadgets sexuels testés pour vous et boutique
VIDEOS (payantes)
Nous écrire
 

La planète échangiste : résumé

Article de Daniel WELZER-LANG, sociologue, provenant du site EUROPROFEM et publié avec l'autorisation de l'auteur

Rappelons l'historique de cette recherche, qui s'est déroulée en plusieurs étapes successives. A la suite de notre étude sur les " back-room " gais (commandée par l'ex AFLS), nous avons découvert par hasard l'existence de lieux de rencontres et consommation sexuelles à l'usage des hétérosexuels-les. Dès nos premières visites dans les clubs " échangistes " lyonnais, nous avons constaté une absence quasi totale de prévention du sida. Grâce à la mobilisation de fonds publics, nous avons pu réaliser une étude ethnographique de quatre années sur la " planète échangiste " qui visait à la fois à comprendre ce phénomène et à aider les " usagers-es " à se mobiliser contre le risque d'infection par le VIH.
L'ethnographie des lieux de drague (gais ou échangistes) est relativement compliquée et peu explorée par la littérature sociologique. En effet, comment traduire des comportements qui, mis en mots, traduits dans d'autres espaces, risquent d'accroître une stigmatisation déjà renforcée par l'arrivée du sida ? De plus, sociologues et ethnologues de l'équipe étions d'accord : l'objet sociologique qui se cache derrière ces " lieux publics de sexualité en direct " restait à construire. De même, nous avons été confrontés-es à des questions méthodologiques particulières : comment travailler en équipe mixte et réduire les effets de pollution produits par l'ethnographie, notamment les diverses violences auxquelles sont confrontées [directement ou indirectement] les chargées d'étude ?
Le travail sur l'échangisme a été long, fastidieux et… passionnant. Là où nous pensions trouver des restes de la pensée de Wilhem Reich, des segments post-communautaires, nous avons trouvé une tribu hétérogène qui se déclare " libérée ", " libertine ", composée pour partie de commerçants proches de l'extrême droite " libertine ", raciste, sexiste, de couples familialistes dans la quarantaine (ou plus) voulant quitter " l'érotisme de l'habitude ", de femmes et d'hommes bisexuels-les, d'hommes ayant réussi à convaincre leur épouse, de quelques femmes seules et de jeunes couples venus " s'éclater " ensemble. Milieu en pleine expansion, il représente à n'en point douter une évolution contemporaine du commerce du sexe. L'échange et le partage des femmes mis en scène sur la planète échangiste présente tous les aspects d'un troc patriarcal où les hommes décident du sens et des formes de l'échange, et les femmes ont en théorie (en général avec des pressions plus ou moins importantes) le droit d'accepter ou de refuser les propositions masculines.
Dans l'analyse quantitative des petites annonces échangistes que diffusent les " revues pour couples ", nous avons montré que contrairement à l'image familialiste que dessine le terme échangiste (couple à couple) la population qui fréquente ces lieux se compose d'environ 50% d'hommes seuls, 40% de couples, 2 à 3% d'hommes travestis, de 3 à 4% de femmes seules ; le reste se distribuant entre des groupes d'hommes ou des duos homme / femme qui ne présentent pas (dans l'annonce) un lien matrimonial ou érotique explicite. On peut considérer que la population masculine hétérosexuelle, clientèle traditionnelle des sex-shops et des divers segments du commerce sexuel représente une partie importante de la population échangiste ; cette dernière est toutefois composite et comprend aussi des couples de classes supérieures qui ne fréquentent que les soirées " très privées ".
Le Cap d'Agde Naturiste (CAN) : Le CAN représente sans doute la plus grosse zone de " tourisme sexuel " d'Europe intégrée à la " planète échangiste ". Au pied de tours de béton, entre la route nationale et la mer, protégés-es par des vigiles et entourés-es d'immenses séparations " naturelles ", des centaines de milliers de touristes de toutes nationalités viennent chercher la valeur ajoutée du lieu ; le sexe et la sexualité. Si les naturistes naturalistes sont rares, et souvent cantonnés-es dans l'immense camping, les autres, les naturistes " libertin-e-s " année après année, viennent ici pour voir, se rencontrer. Et c'est ainsi que profitant de la servitude de naturisme qu'affecte le lieu, tous les soirs, sur les terrasses des cafés, dans les allées du CAN, on peut assister à des longs défilés de vêtements dits " sexy " portés par les femmes (et quelques hommes, souvent gais). Signalons que TOUS les night clubs du site se déclarent " non-conformistes " et réservés aux couples.
Pendant ces quatre années, et conformément à notre mission, nous avons commencé à mobiliser les échangistes et assez rapidement (dans la région lyonnaise dans un premier temps) des couples se sont joints à nous, autour et au sein de l'association que nous avons créée : Couples Contre le Sida (association maintenant nationale). Tout en participant aux réflexions sur la prévention à la Direction Générale de la Santé, nous avons donc adapté messages et interventions basés sur un certain nombre de principes ; une prévention qui rejette l'exclusion, que les pouvoirs publics locaux et nationaux soutiennent sans équivoque, qui intègre l'apparente irrationalité des conduites sexuelles et les états seconds, qui ne trouble pas la logique commerciale des établissements, etc. La mise en place de la prévention au Cap d'Agde naturiste - lieu central de consommation sexuelle - a nécessité un travail particulier. Au fur et à mesure de la diffusion de messages de prévention, nous avons vu et entendu évoluer discours et pratiques. Dans un même temps, nous avons dû communiquer sur des questions pratiques de plus en plus pointues (utilisation du gel, résolution de problèmes techniques liés au soleil, au sable, aux états modifiés de conscience…). La prévention progresse : quand ils sont mis à disposition, les préservatifs sont de plus en plus utilisés.
En conclusion, au terme de quatre années d'ethnographie, force est de constater l'apparent paradoxe qui organise les pratiques " échangistes " et leur développement actuel. Nous faisons l'hypothèse que ce dernier correspond à deux phénomènes parallèles. D'une part, nous y voyons une volonté de couples, de certains hommes et de certaines femmes de dépasser les fonctionnements familiaux traditionnels ; en ce sens, que ce terme plaise ou non, nous sommes en présence d'une énième tentative utopique de dépasser les modèles précédents. Et d'autre part, nous assistons aussi à une récupération commerciale et patriarcale de cette utopie, et/ou à un leurre visant à offrir un cadre à cette utopie sans rien modifier des rapports sociaux qui organisent les couples traditionnels. L'échangisme se situe donc entre commerce du sexe et utopies.

Articles de Daniel WELZER-LANG:

  • Welzer Lang, Daniel (1998) La 'planète échangiste' à travers ses petites annonces, Panoramique (à paraître).

  • Welzer Lang, Daniel (1998) Les catégories pour penser les sexualités, In Actes du Séminaire de l'Institut d'Etudes Doctorales sur le Genre, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse (à paraître)

  • Welzer Lang Daniel (avec Sandrine Durand) (1994) Minitel Rose : le cybersexe à la française ? Approche anthropologique de la "sexualité machine" à l'ère du sida , CREA, Université Lyon 2, Agence Nationale de Recherches sur le Sida, 165 p. (ronéoté).